La plupart de mes ancêtres de Charente étaient agriculteurs. Beaucoup ne savaient pas lire et écrire jusqu'à la révolution, avec quelques exceptions. Parmi ces exceptions, certains ont pris des postes officiels comme garde des eaux et forets du Roy.
Certaines professons aujourd'hui disparues sont difficiles à documenter. Parfois elles sont peu significatives et personne ne s'est penché sur le sujet. Parfois elles sont obscures et peu de gens les connaissent. Parfois elles ont complètement disparu dans équivalent moderne.
Pour moi ça a été le cas des gardes des eaux et forêts du Roy. Depuis que je suis petit je sais qu'un de mes ancêtres l'a été. Et je sais que c'était différent, au moins dans les conditions, du garde champêtre moderne. Mais ne ne savais rien de plus.
J'ai fini par trouver quelques informations dans les articles de loi de Louis XIV sur Gallica. Les articles sont verbeux et répétitifs mais ils donnent une idée de ce qu'étaient leurs responsabilités et leurs conditions de travail.
Il y a eu dans ma famille au moins deux gardes des eaux et forets du Roy:
- Jean RAGUENAUD, né en 1709, fils de Anthoine RAGUENAUD et de Charlotte ROY.
- Francois RAGUENAUD, né en 1741, fils de Jean RAGUENAUD ci-dessus et Catherine GREGOIRE.
Les conditions pour pouvoir être nommé garde des eaux et forets du Roy étaient:
- Savoir lire.
- Savoir écrire.
- Avoir 2 voisins déclarant que le postulant était de bonne nature et digne de confiance.
- Posséder 200 lt pour une caution. Un jardinier gagnant en 1726 environ 400 lt par an.
Les gardes des eaux et forets étaient les sergents des gruyers qui recevaient leur serment. Contrairement aux gruyers, les sergents ne recevaient généralement pas de gages fixes et recevaient une portion de leurs prises.
Ils étaient responsables de la surveillance des forets d'un canton. Ils arrêtaient les usagers qui abusaient de leurs droits et les bestiaux délinquants puis les assignaient devant le gruyer. Ils devaient habiter dans les limites de leur garde et n'avaient pas le droit de s'occuper parallèlement d'un commerce ou d’élever des bestiaux. Ces prescriptions n’étaient évidemment pas toujours observées.
La responsabilité n'étant pas héréditaire, il est un peu surprenant qu'un père et fils l'aient eu. Peut-être la considéraient-ils comme une bonne façon d'arrondir les fins de mois. Ayant l'éducation nécessaire, ce qui était assez rare dans nos campagnes, ils n'ont peut-être pas eu beaucoup de compétition.
Apres la Révolution, la gestion des forets a change et les positions de gardes des eaux et forets ont disparu. Mes ancêtres ont été les derniers de la profession.
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